Si la veille est avant tout affaire d’intervention humaine à valeur ajoutée et de contenus utiles à la prise de décision, son processus s’articule autour d’outils voués à soutenir les différentes étapes. Parmi ces outils, les agrégateurs occupent une place de choix lors de la collecte et du traitement de l’information. Voici quelques éléments à connaître pour mieux comprendre de quoi il s’agit, quels critères utiliser pour choisir votre outil et comment en optimiser l’exploitation.
Qu’est-ce qu’un agrégateur?
Selon l’OQLF, un agrégateur est un « logiciel ou une application Web qui permet à l’internaute de s’abonner à des fils de syndication, de recevoir automatiquement, regroupé dans une même fenêtre, le nouveau contenu des fils répertoriés, provenant de plusieurs sources, et de le lire dès qu’il est disponible. » En contexte de veille, l’internaute est la personne qui effectue cette activité, les fils de syndication sont des fils ou flux RSS, les sources sont des organisations, des bases de données ou des périodiques pertinents à votre domaine d’activité et dûment choisis.
Autrement dit, il s’agit d’un outil qui fédère vos sources d’information, vous en signale les nouveaux contenus et vous évite d’aller les consulter une par une. Mais il va également au-delà de cette fonction de collecte. Un agrégateur représente un soutien incontournable en contexte de saturation informationnelle ou d’infobésité, un bon prélude à une certaine automatisation de la collecte d’information et un facilitateur en matière de réactivité. Tout cela au service de votre domaine d’activité.
Comment choisir son agrégateur?
Les outils foisonnent, leur paysage est changeant, et vous pourriez succomber à la tentation de vous équiper au-delà de vos besoins. Pour éviter la surcharge mentale, la nécessaire et parfois laborieuse maîtrise de plusieurs courbes d’apprentissage, la duplication potentielle de l’information tout en optimisant la gestion des risques de disparition, il est préférable de choisir le meilleur outil pour vous. Quels sont les critères à considérer?
- La convivialité et l’ergonomie : c’est connu, nous n’exploitons le plus souvent qu’une petite partie du potentiel des outils à notre disposition. La convivialité et l’ergonomie d’un nouvel outil aideront à sa prise en main, réduiront la courbe d’apprentissage et favoriseront une utilisation pérenne. On parle ici de la présentation du tableau de bord, de la langue de l’interface, du design des fonctionnalités, de la facilité de navigation, etc. Les commentaires des utilisateurs fournissent des informations pertinentes à cet égard.
- La typologie des sources couvertes : comme ce ne sont pas toutes les sources qui offrent un flux RSS, vous devez pouvoir surveiller une page Web à même votre agrégateur. De plus, certains agrégateurs offrent la possibilité de suivre des réseaux sociaux, d’autres plus difficilement.
- Les fonctionnalités – Personnalisation du tableau de bord, gestion des flux, catégorisation (mots-clés et dossiers), filtrage, moteur de recherche, collaboration, connectivité : autant d’éléments à considérer en fonction de vos besoins actuels et à moyen terme.
- Le coût : certains outils offrent des versions gratuites ou des périodes d’essai. Étant donné que ces offres couvrent des fonctionnalités limitées, confrontez ces dernières à la liste des fonctions requises dans vos activités de veille. Considérez, le cas échéant, le coût de la version professionnelle dans l’ensemble de votre budget de veille.
- La compatibilité avec vos autres outils de veille : au-delà de la collecte, le processus de veille comprend notamment le traitement et l’analyse de l’information ainsi que la diffusion d’un livrable. Si vous disposez déjà d’un écosystème numérique de veille, évaluez les arrimages possibles avec les agrégateurs en lice.
- Les extrants possibles : l’agrégateur vous permet-il de générer des flux RSS en sortie, une infolettre? Quels sont vos besoins et vos projets à cet égard?
- Le soutien en intelligence artificielle proposé - Recommandation de nouvelles sources, extraction automatique, synthèse de l’information, automatisation : les outils évoluent constamment sur ce plan, mais, en distinguant d’emblée le soutien nécessaire de l’accessoire, vous ferez un choix plus éclairé.
- Les options d’exportation de l’ensemble des flux gérés : pour prévenir l’obsolescence d’un agrégateur ou faire face à son abandon par son concepteur, vérifiez la présence de l’option d’exportation de votre bibliothèque de flux RSS à l’aide du format OPML.
5 agrégateurs à considérer*
Comme dans le cas des lecteurs de flux RSS, le paysage technologique est changeant. Nous abordons ici 5 outils largement utilisés au moment de la publication de cet article, en excluant les plateformes de veille souvent destinées à de grandes organisations disposant de moyens financiers importants.
Pour chacun de ces outils, nous énonçons quelques éléments distinctifs.
Feedbro : gratuit, existant depuis 2013, Feedbro prend la forme d’une extension pour les navigateurs Chrome, Vivaldi, Edge, Brave et Firefox. Il permet de surveiller plusieurs réseaux sociaux, mais ne permet pas d’archiver l’information collectée.
Feedly : lancé en 2008, compatible avec tous les navigateurs, doté d’une interface intuitive soutenue par l’IA, il s’agit d’un des agrégateurs les plus utilisés. Il convient à toute activité de veille et permet de gérer un grand volume de sources.
FreshRSS : logiciel libre traduit en 15 langues, solution gratuite autohébergée, FreshRSS convient avant tout aux technophiles fonctionnant en solo.
Inoreader : lancé en 2013, cet agrégateur est largement connu et utilisé dans l’univers des professionnelles et professionnels de la veille. Grâce à son interface intuitive et à ses fonctionnalités de tri, il convient à tout type de profil.
New Sloth : outil assez onéreux, New Sloth offre une interface épurée. Il propose une fonctionnalité permettant de regrouper tous les articles parlant du même sujet ainsi que l’extraction automatique d’entités.
À noter que Netvibes, largement utilisé depuis sa création en 2005, a été abandonné en juin 2025 par son propriétaire, Dassault Systèmes, qui l’avait acquis en 2012.
Vous souhaitez vous tenir au courant des outils dans le domaine de la veille? Consultez le Répertoire d’outils numériques de veille.
Exploiter le plein potentiel de son agrégateur
Une fois votre outil choisi et testé, vous souhaitez en exploiter le plein potentiel. Voici quatre pistes à suivre à cet effet :
- Abonnez-vous au flux RSS du blogue de l’outil qui a retenu votre attention. Cela vous permettra de vous tenir au courant de son évolution. À titre d’exemple : le blogue offert par les concepteurs de Feedly.
- Consultez les guides produits par des professionnelles et professionnels de la veille : issus de l’expérimentation par des personnes à la fois curieuses et passionnées, ils vous économiseront un temps précieux. À titre d’exemple : le Tutoriel Inoreader produit par l’équipe de veille de l’INESSS.
- Visionnez les tutoriels proposés par des internautes sérieux déterminés à vulgariser les fonctionnalités des outils. Choisissez les plus récents pour refléter la situation actuelle.
- Faites appel à l’expertise de professionnels et professionnelles de l’information, soit à des fins de formation, soit pour leur confier le mandat. Chez Cogniges, nous vous accompagnons dans votre projet de veille, qu’il s’agisse de l’implanter ou de lui donner un nouvel élan.
* Les outils mentionnés dans cette liste sont à titre d'exemple. Ils ne sont pas nécessairement cautionnés par Cogniges. Au moment de publier, les outils sont tous disponibles en ligne, cependant, nous ne pouvons pas garantir leur pérennité.
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Références
Berthelette, J. et Bélanger, C. (2024 - ). Répertoire d’outils numériques de veille. Communauté de pratique de veille en santé et services sociaux du Québec.
UQAM. Service des bibliothèques. (2022). La pratique de la veille : automatiser la veille et créer une valeur ajoutée.