26 février 2024

 

Littérature grise : caractéristiques, sources et particularités de repérage

Effectuer une recherche d’information ou une veille informationnelle requiert une connaissance du panorama propre au domaine à l’étude. Les sources et les types de documents à repérer font partie de ce tableau. Chez Cogniges, nous vous offrons de mettre à profit la richesse de la littérature grise. Découvrez ici de quoi il s’agit, quels en sont les forces et les enjeux, quels types de sources et quelles méthodes de collecte sont mises à profit par les spécialistes de l’information pour vous livrer des résultats optimaux.

Littérature blanche, grise, noire

En matière de typologie documentaire, il existe trois couleurs de littérature. La littérature blanche, la plus connue, représente l’information aisément et licitement accessible. Elle relève de l’édition traditionnelle diffusée, facile à repérer et facile à consulter, même si elle est parfois payante. Citons par exemple les articles scientifiques et les ouvrages de référence.

A contrario, la littérature grise « correspond à tout type de document produit par le gouvernement, l’administration, l’enseignement et la recherche, le commerce et l’industrie, en format papier ou numérique, protégé par les droits de propriété intellectuelle, de qualité suffisante pour être collecté et conservé par une bibliothèque ou une archive institutionnelle, et qui n’est pas contrôlé par l’édition commerciale » [1]. Ainsi, thèses, protocoles ou rapports de recherche ainsi que communications lors de conférences ou de colloques font partie de ces écrits plus souterrains.

Enfin, la littérature noire — outre l’acception bien connue de romans noirs policiers — est de nature secrète : elle échappe donc à toute diffusion publique, même restreinte. On parle ainsi de rapports strictement internes portant souvent un sceau de confidentialité.

Des caractéristiques appréciables, des défis à considérer

La littérature grise fait partie intégrante de la documentation scientifique. Elle présente d’indéniables avantages :

  • Rapidité: en échappant au processus commercial, la littérature grise va paraître plus rapidement, donnant ainsi un accès précoce à des résultats de recherche [2, 3].
  • Récence: grâce à sa rapidité de parution, la littérature grise offre un accès non seulement à de l’information scientifique d’actualité, mais également à des contenus émergents, représentant ainsi un grand intérêt en matière de veille [2, 3].
  • Gratuité: il s’agit d’une caractéristique attribuable au fait qu’elle se situe hors du circuit commercial.
  • Équilibre: alors que la littérature blanche reflète le plus souvent l’obtention de résultats positifs, la littérature grise ouvre la porte aux résultats neutres ou négatifs, réduisant ainsi les biais de publication et offrant une meilleure représentativité de la recherche [3, 4].

Qui s’apprête à rechercher de la littérature grise devra cependant tenir compte des défis suivants :

  • Diversité en matière de supports, de formats.
  • Qualité variable, puisqu’il n’existe pas nécessairement de processus de révision par les pairs.
  • Repérage parfois difficile, car les documents ne sont pas centralisés dans une source unique et sont souvent rattachés à chaque organisation productrice et à sa méthode respective de référencement.
  • Pérennité variable de l’accès, puisqu’au contraire, par exemple, d’un article scientifique associé à un DOI (Digital Object Identifier), un document issu de la littérature grise dépend de la stabilité de l’arborescence et de l’archivage du site hébergeur.
  • Référence bibliographique pouvant s’avérer difficile à construire.
  • Temps requis pour repérer et filtrer l’information pertinente, en raison des éléments précédents.

Sources et méthodes de veille

Les sources de littérature grise sont catégorisables. À des fins d’illustration, les exemples ci-après concernent les domaines de la santé et des services sociaux, sans aucune prétention d’exhaustivité.

Bien sûr, une fois repéré, un document issu de la littérature grise devra être examiné selon les mêmes critères de qualité que toute source d’information. En outre, la liste de vérification AACODS (Authority, Accuracy, Coverage, Objective, Date, Significance) permet d’évaluer certaines dimensions propres à la littérature grise.

Les méthodes de veille, quant à elles, sont tributaires de l’agencement des sources. Ainsi, le ou la spécialiste de l’information pourra utiliser une combinaison des moyens suivants :

  • Fils RSS(Real Simple Syndication) : fil d’actualité relié à un site Web donné et permettant de suivre les nouveaux contenus publiés sur ce site à l’aide d’un agrégateur tel qu’Inoreader.
  • Alertes: dans un moteur de recherche généraliste comme Google, on peut configurer une alerte sur un mot-clé ou une expression : tout nouveau résultat sera livré par courriel.
  • Syntaxe de recherche: de façon proactive, on peut associer un mot-clé ou une expression à un site Web de provenance. Par exemple “littérature grise” inurl:cogniges permet de rechercher l’expression littérature grise dans le site Web de Cogniges.

Pour un panorama de la littérature grise relative à différents domaines, consultez les pages thématiques des bibliothèques de l’Université Laval ou de l’Université de Sherbrooke.

Littérature grise : un investissement rentable

Cogniges vous propose de mettre son expertise à profit pour inclure la littérature grise dans les mandats qu’elle effectue pour vous. Ainsi, les rapports gouvernementaux, d’organismes, ou encore les bases de données et les sites Web moins connus feront partie des sources ciblées ainsi que de la recherche et de la veille dans votre domaine, vous livrant un ensemble optimal de résultats pertinents. En effet, malgré les défis et les efforts que représentent son repérage et son exploitation, la littérature grise constitue un incontournable.

Références

[1] Schöpfel, J. (2010, décembre). Towards a Prague definition of grey literature. Paper presented at: Twelfth International Conference on Grey Literature: Transparency in Grey Literature. Grey Tech Approaches to High Tech Issues, Prague, Czech Republic. http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00581570/document

[2] Halima, S. (2007). La littérature grise : face méconnue de la documentation scientifique (1re partie). Documentation et bibliothèques, 53(4), 205–210. https://doi.org/10.7202/1030779ar

[3] Tessier, V. (maj 2023, déc.). Littérature grise. INSPQ. https://extranet.santecom.qc.ca/wiki/!biblio3s/lib/exe/fetch.php?media=fs-litt-grise.pdf

[4] Paez A. (2017). Gray literature: An important resource in systematic reviews. Journal of evidence-based medicine, 10(3), 233–240. https://doi.org/10.1111/jebm.12266