Chercher de l'information scientifique, basée sur l'évidence, comporte certains défis. Un de ceux-ci consiste à débusquer les revues prédatrices (ou journaux prédateurs).
Il arrive que des articles publiés dans ces revues à l'éthique douteuse se glissent dans les résultats de recherches ou de veille. Les résultats provenant de bases de données réputées comme Pubmed ne sont pas à l'abri. Ces articles sont-ils tous de mauvais articles? Peut-être pas.
Malgré la légitimité de certains des auteurs et des articles publiés dans ces revues, il vaut mieux y regarder de près, car la garantie de qualité n'y est pas. La diffusion de ces articles de revues prédatrices a des conséquences néfastes pour tous et pour la science.
Qu'est-ce qu'une revue prédatrice?
En 2019, l'Agence Science-Presse a présenté une définition faisant consensus auprès de plusieurs chercheurs et bibliothécaires à travers 10 pays :
Journaux et éditeurs prédateurs sont des entités qui donnent la priorité à leur intérêt personnel aux dépens de l’académique et sont caractérisés par des informations fausses ou trompeuses, se détournent des meilleures pratiques éditoriales et de publication, un manque de transparence et/ou l’usage de pratiques de démarchage aveugles et agressives.1
Comment reconnaitre les revues prédatrices?
Voici quelques caractéristiques des journaux ou éditeurs prédateurs :
- Les éditeurs envoient des courriels (de piètre qualité grammaticale) de sollicitation pour la soumission d'articles
- Les adresses courriel utilisées ne sont pas professionnelles (liées à la revue)
- Des frais sont réclamés pour la soumission d'un article (même s'il y a eu sollicitation)
- Le comité éditorial est factice (ou inexistant)
Shamseer et al. font également mention de plusieurs autres caractéristiques dont les erreurs grammaticales sur le site, la description du processus de gestion des manuscrits qui n'est pas claire, l'absence de politique de rétraction, etc. 2
Il est aussi important de noter qu'afin de donner un semblant de crédibilité à leurs revues et sites, certains des éditeurs prédateurs créent des indicateurs factices.
Pourquoi est-il important de s'attarder à cette situation?
- Comme les revues prédatrices sont nombreuses, il est impossible de les reconnaitre facilement et d'épurer les résultats de recherche, il faut se développer des outils d'aide
- La qualité des informations présentées peut être moindre puisque, en autre, l'examen par les pairs n'existe pas pour ces articles
- Il n'y a pas de contrôles de qualité pour le plagiat ou l'approbation éthique
- Il y a un risque d'entacher sa réputation en tant que chercheur ou bibliothécaire
Des outils signalant des publications prédatrices
Voici trois outils permettant d'identifier des publications prédatrices :
- Stop Predatory Journals (recherche par revue, par éditeur; liste de faux indicateurs) - Mise à jour de janvier 2022 : ce site n'est plus disponible. Il est possible de consulter la Beall's List of Potential Predatory Journals and Publishers qui, bien qu'elle ne soit pas mise à jour, peut vous guider
- Directory of Open Access Journals (DOAJ) (recherche par revue, par éditeur)
- Liste de Kscien (recherche par revue, par éditeur; liste de faux indicateurs)
Une revue prédatrice ne suit pas les pratiques d'édition standard et vise à tromper les auteurs pour son propre gain financier. Que vous soyez un chercheur, un médecin ou un professionnel de l'information, nous sommes tous concernés. À l'instar des fausses nouvelles, la mauvaise littérature scientifique a non seulement des répercussions financières, elle mine la confiance du public.
Références
1 Revues prédatrices: une définition. Agence Science-Presse. Vendredi 20 décembre 2019. Disponible à : https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2019/12/20/revues-predatrices-definition
2 Potential predatory and legitimate biomedical journals: can you tell the difference? A cross-sectional comparison. Shamseer L. BMC Medicine. 16 mars 2017. Disponible à : https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-017-0785-9